PENSEES D’IVAN MERZ

 

 

Introduction

 

 

« Dans tous les travaux d’Ivan Merz, j’ai senti une force car tout ce qu’il a écrit était écrit dans un saint enthousiasme et sous la protection resplendissante de la grâce inexplicable. Ce fut sa force et elle l’est encore aujourd’hui. » C’est avec ses mots qu’un contemporain d’Ivan Merz et collaborateur de l’apostolat Ton Smerdel – qui n’avait jamais rencontré Ivan Merz, ayant seulement lu ses textes, a exprimé ce que beaucoup ont senti et éprouvé : les pensées d’Ivan, Merz, ses écrits proviennent d’une profonde expérience de la religion chrétienne, des vérités éprouvées et vécues de la foi catholique,  sont écrites « sous la protection resplendissante de la grâce ». C’est de là que vient leur force, leur attrait fascinant et leur beauté qui nous incitent et nous invitent à la réflexion.

 

Le riche patrimoine spirituel d’Ivan Merz

 

Dans sa courte vie, Ivan Merz a beaucoup écrit : un journal volumineux, une thèse de doctorat, de nombreux articles, des brochures, des études ; il reste encore de nombreux manuscrits. Son journal particulièrement, est une source pour connaître sa personnalité et une vraie mine de pensées et expressions qui témoignent de la grâce divine dans sa vie. Nombreux de ces écrits sont déjà publiés.

 

Le déroulement du procès de sa béatification a montré l’urgent besoin de publier ses plus belles pensées afin de mieux connaître sa personnalité, ses œuvres, l’étendue de sa spiritualité et le message que Dieu nous transmet par l’intermédiaire de ce saint homme.

 

Nous avons donc sélectionné, dans son riche patrimoine, les pensées, qui telles des diamants ou des cristaux brillent et ont quelque chose à dire à l’homme contemporain.

 

L’homme de foi et de sainteté

 

A travers ses pensées qui nous parlent de sa foi vivante, nous pouvons pénétrer dans le  sanctuaire de son cœur imprégné par la grâce, contempler le mystère du Dieu qui demeure dans cette âme élue qu’il a menée vers les sommets de la sainteté.

 

Lorsque l’on a lu ses pensées, nous viennent à l’esprit trois mots par lesquels nous pouvons définir leur auteur : homme de foi et de sainteté.

 

Merz, comme il en ressort de ses pensées, est un homme de profonde foi catholique, homme des vertus morales admirables, homme de la perfection chrétienne et de sainteté jusqu’à laquelle il s’est élevé petit à petit avec des efforts personnels, guidé par la grâce de Dieu.

 

Origine des pensées de Merz

 

Les pensées de Merz publiées ici nous proviennent, en premier lieu, de son journal, de ses articles, de ses correspondances privées, des déclarations faites à ses amis. Elles se sont développées pendant quinze ans, c’est-à-dire depuis les 17 ans de Merz, l’âge auquel il a commencé à écrire son journal et jusqu’à la fin de sa vie : les dernières pensées, à la fin de cette revue, proviennent de son testament qu’il a écrit un peu avant sa mort. Toutes ces pensées ont vu le jour en différentes circonstances. Beaucoup proviennent de son journal intime, ont été écrites lors de ses études secondaires, sur le front lors de la première guerre mondiale ou pendant ses études dans les universités européennes. D’autres sont relevées de ses articles et de ses études qu’il a publiés alors qu’il était déjà un intellectuel catholique accompli lors de son séjour à Zagreb.

Et même sorties de leur contexte, sans en connaître leur origine, les pensées de Merz ont leur force et un message à nous délivrer.

 

Nous avons souhaité que cette publication soit accessible à un large public. C’est pourquoi, nous avons renoncé aux nombreuses citations qui révèlent l’origine des pensées et des expressions. Ceux qui souhaitent connaître l’origine des pensées de Merz, nous leur conseillons deux livres d’Ivan Merz : « Le chemin vers le soleil  - Ivan Merz te parle » (Zagreb FTI 1999) et « La flamme des hauteurs » (Zagreb FTI 1999). Dans ces deux publications le lecteur trouvera de nombreux autres textes de valeur qui n’ont pu faire partie de cette édition. Ils pourront également y trouver la bibliographie de tous les travaux, études et articles de Merz.

 

Les circonstances qui ont donné naissance aux pensées

 

Pour bien apprécier la valeur des pensées de Merz, il est bon de remarquer dans quelles circonstances Merz a écrit telle ou telle pensée. On ne peut comparer une pensée dite entre 18 et 20 ans lorsqu’il était en pleine maturation, dans ses combats intérieurs, à la recherche de soi et de son identité et une pensée écrite en tant qu’intellectuel catholique mûr et accompli, à l’âge de 25 à 30 ans. Ces circonstances pendant lesquelles Merz a écrit ses pensées et qui parfois leur donnent une plus grande valeur, le lecteur peut les trouver dans les livres ci-dessus cités.

 

Les pensées de Merz – idées conductrices pour la vie

 

Les pensées d’Ivan Merz sont devenues pour de nombreux jeunes et adultes, comme ils l’ont témoigné, des idées conductrices pour la vie. Son nom signifiait programme de vie et de travail pour toute une génération de jeunes catholiques. Parfois, une seule phrase de Merz suffisait à éclairer le chemin de la vie et à donner courage dans les moments difficiles, témoigne le docteur Brigitte K., que la seule phrase d’Ivan Merz « aller dans les situations désagréables » a beaucoup aidée dans la vie (Merz l’avait écrite à Paris comme une des règles de sa vie).

 

Ascension vers la sainteté par l’effort et la peine

 

Dans l’évolution spirituelle d’Ivan Merz vers la sainteté, il existe des degrés d’élévation  que l’on remarque dans ses pensées et textes lorsqu’ils sont ordonnés chronologiquement. Les premières années de jeunesse sont remplies d’incertitudes, de doutes, de recherche sur le plan spirituel et moral, dont se fait l’écho son journal intime.

Merz s’élevait petit à petit vers la sainteté chrétienne, non sans luttes, privations, prise de conscience de ses faiblesses et refus de la nature humaine. Après ses luttes, ses recherches de jeunesse et surtout après sa profonde conversion durant la guerre, Merz parvient à une profonde expérience de foi et de prise de positions chrétiennes qui sont caractéristiques de sa maturité, ce que nous trouvons dans les textes publiés dans différents articles et travaux des dernières années de sa vie.

 

Le cardinal Kuharic, à propos d’Ivan Merz

 

Le cardinal Franjo Kuharic s’est également exprimé au sujet de la beauté et de la force des pensées d’Ivan Merz : « découvrir l’âme de Merz, c’est voir un entrelacement de montagnes magnifiques. Ivan Merz resplendit parmi les plus grands et fidèles fils et filles de l’église croate, comme un sommet éblouissant. Et tout comme les sommets sont gravis par les courageux alpinistes, j'aimerais que la découverte d’Ivan Merz par les âmes des jeunes générations, éveillent en eux la volonté de grimper les hauteurs et qu’ils sentent comme il est magnifique de regarder du haut des sommets les larges horizons de la réalité divine, qu’ils sentent comme l’air est frais sur les sommets et qu’ils tendent toujours vers eux.

Ivan Merz a beaucoup à dire aujourd’hui à nos jeunes, à nos séminaristes, à nos prêtres, à nos religieuses, à nos évêques (discours prononcé à l’occasion du 50ème anniversaire de la mort d’Ivan Merz, à Zagreb, 25 XI 1978).

 

Lorsque Ivan Merz nous a quittés pour la demeure éternelle, les jeunes lui ont témoigné leur reconnaissance en y déposant sur sa tombe une gerbe portant l’inscription :

 

Merci aigle du Christ

Tu nous a montré le chemin

Vers le soleil

 

Cette phrase exprime bien ce qu’Ivan Merz représentait pour son époque et ce qu’il peut encore représenter aujourd’hui car les messages des saints, leurs pensées sont toujours d’actualité.

 

Nous vous souhaitons, chers lecteurs, en lisant ces pensées, de vous en convaincre vous-même.

Père Bozidar Nagy D.I.

Postulateur de la cause

de béatification d’Ivan Merz

 

 

 

 

la vie – la mort

 

La question  du mystère de la vie et de l’existence se posaient à Ivan dès ses premières années d’adolescence . Le problème de la mort et de la souffrance,  qu’il a affronté quotidiennement  sur le front,  a radicalement  changé son regard sur le monde . Les réponses qui vont le  satisfaire sur les  problèmes de la vie il va  les découvrir, au fur et à mesure, dans la foi catholique .

 

Mon Dieu, qu’il est grand l’univers : tout brille,  tout bouge !

 

A quelle vitesse cette immensité court et tourne, et l’homme réfléchit sur tout cela. Où mène tout cela ?  Pourquoi l ‘homme a-t-il un corps, puisqu’il est essentiellement  un esprit ? Pourquoi ? Où ?  Comment ?…  Secrets éternels .

 

Ce qui m’intéresse le plus c’est la philosophie de la vie. Je désire pénétrer dans le mystère de la vie.

 

La vie religieuse, la réflexion  sur l’Eternité, sur la Mort, sur l’Amour, c’est quelque chose de grand.

 

La vie n’est pas un plaisir, c’est une sacrifice.

 

La vie est un combat pour la Vérité ; observons la.

 

La vie doit être pour nous un sacrifice, pour cela il ne faut pas regarder trop de belles choses.

 

Cette vie n’est seulement qu’ une  courte préparation à l’éternité.

 

Nous devons veiller  à adoucir cette courte existence  par une vie ascétique.

 

Je sens que cette vie est seulement une phase  passagère vers l’éternité .

 

Ne nous opposons pas à l’harmonie qui domine l’univers.

 

La vie est une tentation courte et dure. Celui qui peut surmonter  cela,  entre dans une vie pleine de

lumière et de couleurs.

 

Douleur, souffrance, regard sur  ces milliers de mutilés, morts et gens épuisés … tout cela purifie 

l’homme de tout ce qui est passager, et avec  une grande énergie, suggère le sens de la vie.

 

Vraiment, lorsque l’homme se cache dans la solitude, dans l’obscurité, le monde réel lui semble  

comme une rêve.

 

Dans la solitude et dans l’obscurité l’homme sent que le monde, de la nuit et da la prière, est plus réel

de tout ce qui existe réellement. Il faut aspirer à cela.

 

La question la plus importante pour l’homme est le problème de la mort.

 

A vrai dire, je n’ai pas peur de la mort, puisque là haut se trouve le vrai royaume.

 

 

FUGACITE- ETERNITE

 

En réfléchissant sur le mystère de la vie et de la mort Ivan perçoit très tôt  le caractère passager de tout ce qui est terrestre. L’idée de l’éternité est continuellement présente chez lui. Les réponses sur toutes les  questions vitales,  il les trouve dans la religion catholique.

 

L’homme a-t-il le droit au bonheur ? Ce monde n’est-il pas le monde du travail et de la peine.  Et comme l’homme se situe  dans ce travail, il recevra en récompense la vie céleste qui est éternelle.

 

Puisque  dans la nature tout est si brillamment agencé, notre vie éternelle devra être juste .

 

Notre fierté c’est de nous être frayé un chemin dans la vie en entassant des richesses pour l’autre vie.

 

La philosophie du bonheur se trouve dans ceci : l’axe central de tous nos désirs doit être placé dans l’autre monde .

 

En pensant à la fugacité rien ne me plaît. Seule la vie ascétique et monastique, dans l’adoration de l’Eucharistie donne, peut-être, une satisfaction.

 

Nous le savons, cette vie n’est qu’une courte étape qui nous mène à la demeure éternelle.

 

Il nous faut diriger toutes les forces de cette vie  vers celle qui suit  notre séjour sur la terre.

 

Soyons des héros, sacrifions une seconde de cette vie pour entrer dans le ciel éternel .

 

Nous devons  toujours être conscients de la courte durée  de cette existence. Elle n’est qu’une période minimale de l’éternité.

 

Utilisons toutes nos énergies pour sauver nos âmes et celles de nos proches.

 

Nos parents vont également disparaître et tout nous semblera comme dans un rêve  jusqu’au moment où  moi aussi je me fourvoierai dans une rue obscure et affreuse. Non, elle n’est ni obscure ni affreuse, mais resplendissante et pleine d’un éclat surnaturel. Là-haut on glorifie  la  Résurrection.

 

Le renoncement et L’Eucharistie sont les chemins qui nous mènent vers l’éternité.

 

L’homme n’est ici qu’ un voyageur, sa vrai destination n’est pas la terre, il est élu pour quelque chose  de plus grand.

 

Il est bon de disparaître de la terre, brûler, afin d’entrer avec le plus possible de mes proches là où nous attend le Père,  le Fils,  la Bienheureuse Vierge Marie dans l’Esprit Saint, les apôtres, les martyrs, les anges, les vierges … tous ces mondes immenses de l’Apocalypse.

 

Quand viendra-t-il enfin ce temps où le péché n’existera plus ? Quand verrons nous l’Agneau ressuscité et la splendeur de sa Mère éternellement belle ?

 

Quand serons nous unis avec le chant des chœurs célestes, quand nous épanouirons- nous dans le chant éternel Sanctus, Sanctus, Sanctus … , entouré du resplendissement divin ?