NOTES

 

 

(1)                   Miniatures:"Ces livres étaient les instruments de la louange divine, les canaux des grâces célestes; l'esthétique chrétienne en a fait souvent de pures merveilles; elle a traité les livres liturgiques proportionnellement comme les églises elles-mêmes et les vases de l'autel."(Dom Gueranger, Institutions liturgiques, III,p.400).

            "Les livres liturgiques de Rome, de Paris et surtout d'Anvers sont les plus beaux qui aient été jamais imprimés en caractères romains"(D.G.I.L. III, p.328).

            "Les arts du dessin et de la peinture furent conservés par les manuscrits liturgiques" (ibid., III,p.348). "A partir du VIIième siècle, les initiales étaient ornées avec toutes les ressources du dessin" (ibid., p.349). "L'intention d'orner avec la plus grande magnificence les initiales, les titres, crée l'art de la miniature." (ibid.,p.357).

            "La peinture religieuse est fille de la Liturgie. C'est la Liturgie goutée, sentie, exécutée, qui révélait à ces hommes de prières et de solitude les types célestes qu'ils ont rendus avec tant de bonheur (ibid., p.382). Les monastères étaient les principaux ateliers d'orfèvrerie et de ciselures liturgiques."(ibid., p.423).

 

(2)                   "De même, si l'on veut s'expliquer la sympathie des peuples pour les merveilles que le pinceau mystique des artistes du moyen âge étalait à leurs égards sur les verrières et sur les murs des églises, il faudra se rappeler la Liturgie éxécutée de toutes parts en son entier, d'un bout de l'année à l'autre, dans tant d'églises, cathédrales, collégiales, monastiques, entretenait chez les fidèles une vive intelligence des choses surnaturelles..." (ibid III,p.383).

 

(3)                   "Si l'étude de la Liturgie est nécessaire à l'historien de moeurs et à l'antiquaire, elle ne l'est pas moins à l'artiste. Mais qui sait aujourd'hui que tous les arts, architecture, peinture, sculpture, musique, sont tributaires de la Liturgie et par elle du catholicisme."(II p.131).

            Ou bien:

            "Nous ne parlerons point ici de l'influence exercée sur les arts par la Liturgie catholique, des sublimes inspirations qu'elle a prêtées à la musique, à la peinture, à la poésie, ni des immortels monuments que lui doivent la sculpture et l'architecture. L'histoire (nous l’avons fait pour la Littérature) de chacun de ces arts, considérés dans leurs seuls rapports avec nos rites, fournirait une amples matières à la plus vaste érudition." (I.L.II,p.55, Mgr.Affre, Etudes écclésiastiques.)

 

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(4)                   "M.Levrault a également constaté avec justesse que Chateaubriand s'ingénie à nous faire voir la poésie du culte: une messe célébrée sur un rocher, un baptème, et un mariage en plein air, une procession où l'on bénit les champs. Et de tout cela, résulte une félicité sans mélange"(Le Roman, p.74).

 

(5)                   Cela nous entrainerait trop loin si nous voulions apporter tous les détails concernant l'influence de la Liturgie sur Lamennais. Nous allons extraire du Tableau de la Littérature de M.Strowski le passage remarquable que voici: "Il fut frappé notamment de la dramatique beauté des cérémonies catholiques mystérieusement célébrées par des prêtres insermentés qui donnaient leur vie pour leur foi." (p.237). Cette sensibilité délicate à l'égard des beautés de la Liturgie est un des traits les plus distinctifs de la mentalité française.

 

(6)                   En voici une preuve: Il mentionne en entier dans la Femme pauvre (1897) p.367-373,l'Evangile du XIXième Dimanche après la Pentecote et analyse son sens d'une manière très originale (V.e.p.172). R.Martineau nous fournit un autre document dans le livre précité se rapportant à ce sujet: "Je le vis" (Bloy) "suivre sa messe ce jour là" (1901 à Lagny) "comme je l'ai toujours vu depuis. Il avait un petit livre dont il s'aidait scrupuleusement, prononçant les mots liturgiques au moment même où l'officiant et le servant les prononçaient"(p.36).

 

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(7)                   Testiaire de Saint-François, elle vient de lire l'office de Marie.

 

(8)                   "D'ailleurs, la Liturgie mortuaire de l'Eglise, la plus grande chose terrestre à ses yeux, agissait sur tout son être, en cette circonstance, avec une force inouïe."(Le Désespéré, p.83;V. Femme pauvre, p.293-294).

 

(9)                   "Pro défunctis fratribus, propinquis et benefactoribus", "Qui erant in paenis tenebrarum, clamantes et dicentes: advenisti, Redemptor noster." "Libera me, Domine, de morte aeterna, dum veneris judicare saeclum per ignem".

 

(10)                 "Une des pensées fondamentales de votre entreprise est que la Liturgie est une res sacra et que donc il convient de ne pas l'abandonner aux profanes.

            Nous pourrions dresser une terrible liste des profanes qui ne demandent qu'à l'exploiter, mais, si nous la publions, nous désobligerions trop de corporations que nous préférerons toujours amener doucement à mieux faire.

Pour être bien compris, cependant, il nous sera permis de donner un exemple, et de dénoncer l'invasion de la liturgie par le dilettantisme de romanciers à qui on a été, parmi  nous, trop vite reconnaissant de vouloir du bien au catholicisme. Oh, le dilettantisme d'un Barbey d'Aurevilly, s'essayant dans l'Ensorcelée à donner une explication de la messe. Ce que nous disons de Barbey d'Aurevilly, vaut tout autant pour Huysmans, pour Léon Bloy je ne veux parler que des morts. Un brave garçon qui naguère s'est travaillé à nous faire apprécier ce qu'il nomme "la Liturgie dans le roman", cite du Désespéré de Léon Bloy vingt cinq lignes qu'il prétend être un "tableau merveilleusement dessiné de la grande messe". Voulez vous me permettre de vous citer seulement quelques lignes?

            "La grand-messe est une agonie d'holocauste accompagnée par des chants nuptiaux. Elle renouvelle, sans lassitudes, en des cérémonies toujours identiques, l'énorme confabulation du Seigneur avec les hommes. L'orgue venant à tonner à la parole de l'officiant, promulguait une fois de plus, en accompagnant la voix des chantres, cet antique symbole de Nicée dont quinze siècles n'ont pas encore épuisé l'adolescence, le solitaire était, malgré tout, dans le houlement grégorien des douze articles incommutables.

 

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            Il y a dans ce pathos une infatuation qui n'a d'égale que l'ignorance de l'écrivain. Le malheureux, qui ne sait pas son catéchisme, veut définir l'essence du sacrifice de la messe, une des plus subtiles questions de la théologie. Je ne parle pas du symbole de Nicée réduit à douze articles, parce que notre auteur le confond avec le symbole des apôtres. Et c'est ce faux docteur qui affectait jadis d'appeler Mgr l'Hulot, "ce crétin d'Hulot".

            Protester ne suffit pas, il faut éconduire de la liturgie et du domaine de l'Art liturgique les artistes qui se croient des pontifes et qui sont de simples philistins."

            Rapport lu par Mgr Pierre Batiffol, à l'assemblée générale de la Société, Paris, le 3 Juin 1918. (V. Annuaire de la Société des Amis de l'Art Liturgique, 1918, p.113-114, Art.Cath.).

 

(11)                 Appliquons l'argumentation de Taine suivante à la Liturgie:

            "Chacun reconnaît aujourd'hui que certains poètes, comme Dante et Shakespeare...tiennent la première place dans leur art...En outre, ces jugements définitifs que la postérité prononce, justifient leur autorité par la façon dont ils sont rendus. D'abord les contemporains de l'artiste se sont réunis pour le juger, et cette opinion à laquelle tant d'esprits, de tempéraments et d'éducations différentes ont concouru, est considérable, parce que les insuffisances de chaque goût individuel ont été comblées par les diversités des autres goûts; les préjugés en se combattant, se balancent, et cette compensation mutuelle et continue amène peu à peu l'opinion finale près de la vérité. Cela fait, un autre siècle a commencé, muni d'un esprit nouveau, puis, après celui-ci, un autre; chacun d'eux a revisé le procès pendant; chacun d'eux l'a revisé à son point de vue...Quand l'oeuvre, après avoir ainsi passé de tribunaux en tribunaux, en sort qualifiée de la même manière, et que les juges échelonnés sur toute la lignes des siècles s'accordent en un même arrêt, il est probable que la sentence est vraie...Que si la limitation d'esprit propre aux époques et aux peuples les porte parfois, comme les individus, à mal juger et à mal comprendre, ici, comme pour les individus, les divergences redressées et les oscillations annulées les unes par les autres aboutissent par degrés à cet état de fixité et de certitude où l'opinion se trouve assez solidement et légitimement établie pour que nous puissions y acquiescer avec confiance et raison."

            (Taine, Philosophie de l'Art. V.,2, p.234-235). Ce passage prouve l'universalité de la Liturgie: elle a subi toutes le preuves exigees par Taine.(V.e. ibid., II,3 p.266 sur les Psaumes, et F.DEMAISTRE, Soirées, I,p.55-57)

 

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(12)                 Il les réalisera, en effet, 12 années plus tard:"La belle existence que celle de ce bon moine, confinée dans la prière, et quelle belle vie aussi que cette vie Bénédictine qui plane si haut, par dessus les siècles et au delà des temps; l'on ne peut vraiment s'acheminer vers le Seigneur avec des mouvements plus chaleureux et des chants plus nobles" (Oblat p.112).

 

(13)                 Voilà l'épigraphe mis par VALLERY RADOT en tete d’une  Anthologie, l'anthologie des poésie editées qu'il a fait paraître chez l'éditeur Crès: A la mémoire sacrée du Souverain Pontif Pie X qui nous enseigna à "prier sur la beauté”(1916).

 

(14)                 TAINE donne une définition semblable dans sa Philosophie de l'Art:

            "L'Art, par laquelle il manifeste ces causes et ces lois fondamentales, non pas plus en définition arides, inaccessibles à la foule et intelligibles seulement pour quelques hommes spéciaux, mais d'une façon sensible et en s'adressant non seulement à la raison, mais encore aux sens et au coeur de l'homme le plus ordinaire. L'art a cela de particulier qu'il est à la fois supérieur et populaire. Il manifeste ce qu'il y a de plus élevé et il le manifeste à tous."

            On n'a qu'à remplacer le mot "Art" par "Liturgie" (qui fait emploi de tous les arts).

 

(15)                 Nous avons rencontré chez L. Bloy une semblable évolution avec cette différence que celui-ci était parvenu jusqu'à la méditation personnelle tandis que Huysmans a très rarement transgressé les limites du commentaire artistique.

 

(16)                 Par exemple (Ps.118): Suspice me Domine secundum eloquium tuum et vivam et non confundas me ab expectatione mea. "Ce verset...était admirable lorsqu'il était revêtu de sa robe très simple de plain-chant. Il était timide et suppliant jusqu'à sa médiante, puis il s'élevait plus rassuré, toujours implorant mais plus jeune, et chaque fois, il s'enhardissait, encouragé par l'accent résolu, sûr, des religieux le reprenant, affirmant à leur nouveau frère la certitude du désir exaucé, l'assurance qu'il ne serait pas confondu dans son attente..."(p.246-247;V.e. p.283).

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(17)                 Ce passage a paru à la même époque que le Motu proprio sur la Musique sacrée de 1903 qui exigeait pour sa part exactement la même chose:

            "En particulier, qu'on prenne soin de rétablir le chant grégorien dans la pratique du peuple, afin que les fidèles prennent de nouveau une part plus active à la célébration de l'office ecclésiastique, comme c'était autrefois coutume" (II,3).

 

(18)                 Voici la liste de quelques descriptions détaillées:

            a) Matines: Oblat, p.184:"Chaussé de sourds pantoufles, les moines que n'annonçait plus le son des cloches, entraient, tels que des ombres, et ils se soulevaient en passant, avec leurs grandes coules noires, un vent froid qui soufflait l'odeur de cave des murs salpêtrés et des dalles, et les petites heures défilaient à la queue leu-leu avant la messe, tombant goutte à goutte sans le ‘Deus in adjutorium’ qui d'habitude le précède, sans le Gloria qui les sépare et les suit, et, à la fin de chaque office, l'on récitait le ‘Miserere’ sur un ton lugubre, jusqu'au dernier mot ‘vitulos’ jeté alors en l'air, ainsi qu'une pelletée de terre, sur une tombe." (V.e.p.290-291).

            b) Pâques:Oblat, pp.291-292:"...Quelle atmosphère de jubilation emplissait l'église. Elle était tendue de velours rouge, couverte de fleurs et les reliquaires réverbéraient, ainsi que des miroirs de verre et d'or, les lancettes en feu de cierges...". "La messe pontificale était aussi pompeuse que celle de Noël, avec les cérémoniaires aux noirs capuchons, retombant sur les blancs surplis, avec la porte-crosse, le porte-bougeoir, le porte-queue,  fut une journée d'ivresse musicale, une orgie d'allégresses liturgiques...".

            c)Prise d'habit: En route,p.154-165.Chez les Bénédictines de la rue Monsieur, cette description célèbre a mis en vogue cette chapelle parmi les écrivains français. Elle n'a pas cessé de nos jours d'attirer les gens épris de beauté.

            d)Te Deum:Cathédrale, p.126. Le passage sur "l'église lancée dans les airs en un jet éperdu" parait être inspiré par Ozanam et semble avoir servi de modèle à une vision pareille qu'on trouve dans la Paix du septième jour de  E.Baumann.

            e)Chapelet:ibid.,p.434-435. Avec des réflexions personnelles sur les oraisons conventuelles.

            f)Vêpres et Saluts: En route,p.118-119; 247-249; 388-389 (A Saint-Sulpice); 217 (A Notre-Dame des Victoires); Foules de Lourdes 125-127.

            g)Prise de Voile: En route, pp.80-82 (Chez les Clarisses de l'Avenue de Saxe).

 

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            h)Noël:(Office monastique):Oblat, pp.191-192 (avec commentaire); p.196.

            i)Messe: Lourdes, p.123.

            j)Credo:En route, p.40; Foules des Lourdes, p.191.

            k)Sexte:En route, p.268.

            l)Complies:En route, pp.245-246.

            m)Semaine Sainte:En route, p.36.

            n)Funérailles:En route, pp.18-21.

            o)Invocations: Foules des Lourdes, pp.144-145.

 

 

(19)     a)Te Deum: En route, p.9 (“les omnipotentes majestés”).

            b)Louda Sion: Ibid., p.9 (“les verves augustes de L..S..”).

            c)Magnificat: Ibid., (“Les solennités de M...”).

            d)Tantum ergo: Ibid., p.118 (“Humble et réfléchi, admiratif et lent”).

            e)Miserere: Ibid., p.9 (“Les détresses M..du Slabat”).

            f)Messe: Ibid., p.41; pp.197-198.

            g)Epiphanie: Oblat, pp.205-206.

            h)Pâques: En route, p.409 (“O Filii et Filiae”).

            i)Dedicace d'une église: Oblat, p.380.

 

 

(20)                 a)Considérations générales: Oblat, p.368: "La liturgie est un terrain d'alluvions". Celui (des saints) qui n'a pas découvert de place en un endroit (de l'office) en trouve dans un autre; La liturgie est une éternelle fête où une foule constamment plus nombreuses de saints afflue, p. 371-372; ("elle est un produit, une succession de l'art anonyme des temps; tous les efforts ont convergé vers le même but, glorifier avec l'encens musical des neumes, Dieu.") p.30 ("c'est sûrement...soufflés..."); En route, pp.23-24; Cathédrale, p.483.

            b) Plain-chant: Oblat, p.265: “Plus le plain-chant est simple et naïf, et plus il est éloquent et mieux il rend, en une langue d'art vraiment unique, l'allégresse ou la douleur qui sont, en somme, les deux sujets dont traîtent les services de l'église..."). En route, p.13.         

            c)Psaumes: Oblat, p.8: "Tout est dans les psaumes, les allégresses et les contritions, les adorations et les transes...leurs versets s'adaptent à tous les états d'âme, répondent à tous les besoins..." Comparer à Taine, note 11); pp.111-112;190-191,(Ps 94); 246-247 (Ps 118); p.424 (Ps 125); Cathédrale, p.275;336;419;425.

 

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            d)Avent: Oblat; p.181-182: "La liturgie de cette époque est splendide. Aux détresses des âmes qui pleurent leurs péchés, se mèlent les clameurs enflammées et les hourras des Prophètes annonçant que le pardon est proche..."

            e)Immaculée Conception: Lourdes, p.313-314.

            f)Noël: Oblat, p.185; 190-192; 194.

            g)Ténèbres: En Route, pp.36-37.

            h)Assomption: Oblat, p.361.

            i)Salve Regina:En Route., pp.247-249.

            j)Adeste Fidèles: Ibid., p.407.

            k)Prise d'habit: Ibid., p.154-165.

 

(21) a)Bréviaire: Oblat; p.371; p.374-379:"...Convenez qu'il n'existe dans aucune littérature du monde d'aussi radieuses, d'aussi splendides pages..."

            b)Vêpres: En Route, p.412: Avec la vieille séquence du bréviaire romain le "Langentibus in Purgatorio."

            c)Dies irae: En Route, p.16-17.

            d)Avent: Oblat, p.181-182.

 

(22) a) Messe: Oblat, p.291-292.

            b) Complies: En Route, p.390-391.

            c) Rameaux: Oblat, p.282-283 (c'est une des analyses les plus belles que nous connaissions...).

 

(23) a) Ténèbres:Oblat,p.183:"C'était une sorte de mélopée courant dans le récit, revenant avec des retours flottants de ritournelles; ce chant était monotone, angoissant et câlin, aussi; et cette impression de bercement et de peine, on l'éprouvait également pendant les Lamentations..."(Huysmans n'aurait pas parlé autrement d'un opéra.)

            b) Toussaint: Oblat, p.90: "Cette mélodie du Gaudeamus qui danse et ne se tient plus d'allégresse et qui s'arrête cependant avant la fin de la phrase ‘gaudent angeli’ comme n'en pouvant plus et, peut-être aussi, comme prise d'une vague appréhension de n'être plus assez déférente, puis qui reprend, débordée quand même par le ravissement pour se terminer en une prostration..."

            c) Psaumes (118):Oblat, p.246-247.

            d) Dies irae: En Route, p.14-17.

 

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(24)     a) Office de Saint-Benoît: Oblat, p.380-381 ("...il a gardé une délectable saveur des anciens âges...")

            b) Toussaint: Oblat, p.90:"...La splendide liturgie que celle de ce jour, cette épître, tirée de l'apocalypse, c'est une photographie du ciel..."

            c) Messe de Saint-Grégoire le Thaumaturge: Oblat, p.38.

            d) Sanctoral: Oblat, p.369-370.

 

(25) a) Carême: Oblat,p.267-268:"... Ce temps de cette quarantaine était , au point de vue liturgique, admirable; la tristesse y allait grandissant chaque jour, avant que d'éclater en les lamentables impropères, en les douloureux sanglots de la Semaine-Sainte..."

            b) Office de Saint-Jean Damascène: Oblat, p.370:"C'est une messe à leitmotiv vraiment délicieuse et très expertement tissée."

            c) Notre Dame des 7 Douleurs: Oblat, p.412-413.

            d) Messe votive de la Sainte-Vierge:Oblat, p.48.

            e) Epiphanie:Oblat, p.205-206; 215.

            f) Epiphanie(deuxième dimanche après): Ibid., p.217.

 

(26) Douleurs de la Sainte-Vierge:Oblat, p.290-291; p.354-355. - Assomption:"Elle symbolisait assez bien ainsi le sépulcre d'où la Vierge, ensevelie, s'éleva près de son Fils, dans les senteurs célestes et les chants, gravissant, légère, en son corps glorieux, l'escalier déroulé des nuages, suivie par tout le cortège des anges et des Saints, venus à sa rencontre." Cette méditation n'est que du Murillo transformé en paroles.

 

(27) a) Ténèbres: Oblat, p.283: "Et, en les entendant, Durtal jaillissait hors de lui-même par ce chant étrange et pénétrant..."; p.49.

            b) Semaine Sainte: Oblat, p.282:"Une fois installé dans l'église, il oublia les tristesses de l'heure présente. La divine liturgie l'enlevait, planant si haut, loin de nous tous...". - p.290-291: "La semaine peineuse était celle qui convenait le mieux à ses aspirations et à ses goûts."

            c Messe de Saint-Benoît:Oblat,p.264-265: "Cette messe...était au point de vue du texte exquise..."

            d) Vêpres des Morts: En Route, p.36

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            e) Octave des Trépassés:Ibid., p.36

            f) Messe Votive de la Sainte-Vierge:Oblat, p.48

            g) Avent: En route, p.412

 

(28) a) Vêpres: En Route, p.120:"Les litanies étaient poudrées à frimas et parfumées à la bergamote et à l'ambre...Cela n'avait évidemment rien à voir avec la musique religieuse...". - p.388-389: C'est une attaque violante contre les "déculottages mystiques de feu Gounaud, les rapsodies du Vieux Thomas, les entrechats d'indigents musicastres" qui se sont substituées aux merveilles du plain-chant.

            b)Bréviaire romain:Oblat, pp.368-370:”Je ne le discute bien entendu qu'au point de vue de l'histoire de la littérature et de l'art...Non, vous avez beau dire, il y a du désordre dans le bâtiment...Non, il ne convient pas de chercher la petite fissure dans un édifice grandiose, tel que celui de la Liturgie; ses nefs sont magnifiques, mais quelques unes de ses chapelles, bâties après coup, sont médiocres..."

            c)Messe de Saint-Benoît:Oblat, p.264-265:"Quant au plain-chant, il était celui du répertoire de luxe, c'est à dire, qu'il était prétentieux et médiocre..."; - p.266:"Une hymne" "Lundibuscires resonent canores" puant la langue païenne, le latin de la Renaissance, avec son olympe mis tout le temps à la place du ciel...".

            d)Hymnaire monastique: Oblate,p.380-381:"Il a... des poèmes façonnés en un prétentieux et bien mauvais latin...".- p.382

            e)Funérailles: En Route, p.18:"Mais comment faire comprendre à des prêtres que la laideur sacrilège..."

            f)Mariage:Ibid.,p.21-22:On trouve peu de passages dans ce livre qui soient d'une ironie si cuisante et d'un naturalisme si excessif.

            g)Messe de Saint-Antoine 17 janvier: Oblat, p.370-371

            h)Messe de Saint-Placide:Oblat,p.48

            i)Salve Regina:En Route, p.137

 

(29) Oblat, p.137; Foules de Lourdes: p.125-129.

 

(30)                 En voici encore quelques exemples saillants: "Ensevelissant l'allègre et le fol Alléluia". "C'était la mort d'une expression,  et le trépas momentané d'un chant..." (Oblat, pp.267-268). 

 

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            La séquence Stabat "était en quelque sorte la Madeleine des proses; elle arrosait de ses larmes les pieds de la mère, ainsi que la Madeleine avait arrosé avec les siennes les pieds du Fils..." (Oblat, pp.412-413).

            "Et les petites heures défilaient à la queue-leu leu, tombant gouttes à gouttes, et l'on récitait le Miserere sur un ton lugubre, jusqu'au dernier mot ‘vitulos’ jeté alors en l'air comme une pelletée de terre, sur une tombe."

            "Les chanoines jouaient languissamment de chaque côté du choeur, à la raquette avec des psaumes dont ils renvoyaient, en grommelant, des volées de versets..."(Cathédrale, p.219).

 

(31)                 En voici deux preuves: "Quand l'orgue plaquait ses premiers accords...les fidèles prenaient feu..." (En Route, p.118-119).- "Il fut pris par le vertige de cette église" (ibid., p.217).

 

(32)                 En dehors de livres liturgiques ordinaires, il a des connaissances scientifiques. Il sait, par exemple, en quoi diffèrent les Matines monastiques de celles du Romain (Oblat,p.177).Comme il récitait pendant quelque temps l'office en commun avec les moines du Val des Saints, il apprit par coeur un grand nombre de textes latins (Oblat, p.185). Cependant, même les liturgies orientales ne lui sont pas restées inconnues (Foules de Lourdes, p.288-289).(Rousseau en avait déjà une certaine idée, et il s'en moquait dans ses Confessions).

            Aussi était-il au courant de toutes les controverse liturgiques. Il exprime ainsi dans En Route son jugement sur les mélodies grégoriennes importées en France par la maison d'édition allemande            Pustet et il constate qu'elles ne correspondent pas à "l'antiphonaire de Saint-Grégoire qui représente le monument le plus ancien, le plus sûr que l'Eglise détienne du vrai plain-chant..." (p.452-453).

 

(33)                 "Aussi, préparait-il chaque soir son itinéraire du lendemain...aussi fallait-il toujours consulter le supplément français ‘du Diurnal’(Missel quotidien) inséré à la fin du livre (Oblat, pp.109-110). Quel mastic.....seule, la pratique vous guidera dans les méandres de ces heures qui sont embrouillées à plaisir...Et il avait en effet, finit par saisir le fil en disposant de nombreux signets pour marquer les pages, il était arrivé à se reconnaître dans ce morcellement de textes, mais à condition de tracer toujours et avec soin ses étapes..." (ibid., p.110-111). "...Ah, avec ces perpétuels renvois et ses erreurs de pagination quel instrument défectueux, quel outil absurde, que celui de ce

Diurnal.” (ibid., p.185).

 

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(34)                 Voici preuve de cette hypertrophie esthétique de ce peu d'intérêt qu'il témoignait aux problèmes sociaux: "....mais je n'ai aucun rapport avec la population du pays que je sais libidineuse et cupide, ainsi que celle de toutes les campagnes du reste" (Oblat, p.268). C'est le disciple de Zola qui s'y affirme.

 

(35)                 Il faut comparer, pour s'en persuader, la méditation de Huysmans (Oblat, p.215) et de P.Claudel (Corona Anni Dei Benignitatis) à l'occasion de l'Epiphanie. Si l'influence n'est pas directe, il est au moins certain, qu'il faut directement rapporter tous les deux endroits à l'office du jour qui se trouve dans le Bréviaire. Aussi est-il impossible de comprendre l'Annonce faite à Marie si l'on ne connait pas Huysmans. En dehors des endroits qui se rapportent à l'art ogival et à l'esprit médiéval qui créaient les splendides cathédrales et qui se réclament de la Cathédrale (p.129-130;190;256;261;395), l'amour de la Liturgie et l'idée capitale de la substitution mystique évoquent imperieusement le souvenir de notre écrivain.

 

 

(36)                 Nous apportons encore quelques exemples:Quand le prêtre excommunié visita les ruines de cette chapelle où il avait obtenu jadis des succès retentissants:"il récita avec exaltation le psaume de la captivité:‘Seigneur, vos serviteurs aiment de Sion, les ruines mêmes et les pierres démolies; et leur terre natale toute désolée qu'elle  garde leur tendresse et leur compassion" (p.291).

            La Liturgie qui exprime les sentiments lyriques de cet hérésiarque le touche encore profondément dans sa vieillesse.

"Chacune des phrases de l'Ecriture où se trouvent les promesses que Jéhovaha adressée à Sion exerçait sur lui une puissance magique. La sonorité seule de cette syllabe suffisait à soulever son âme. Il se répétait indéfiniment la monotone et puissante poésie des psaumes, jusqu'à ce qu'il fût parvenu à un degré de chaleur et que son coeur se mit en mouvement"(p.326). 

 

(37)                 Voilà les dernières paroles de l'abbé Aubry auquel était incombé la mission, de la part de la hiérarchie authentique, de combattre l'influence des prêtres révolutionnaires.

 

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             “Si cette âme (du prêtre révolutionnaire) que j'ai laissée partir irritée et désolée m'attendait là-haut, j'accepterais la mort avec moins d'appréhension, j'entonnerais avec confiance le psaume du sacrifice. Sauvons Léopold, mon Père, alors, je pourrai murmurer "Introibo ad altare Dei"(p.395).

 

(38)                 Nous n'avons pas parlé de l’influences que la Liturgie a exercée sur le style de M.Barres. Elle est extrêmement précaire. Nous ne citerons à titre documentaire que les deux exemples suivants: "... La pensée de sa colline le remplit, comme la pensée du tabernacle remplissait l'âme de David dans le désert. C'est le cerf qui soupire après l'eau des fontaines ...” (ps.42,2; V.e. p.325). “Les trois prêtres firent une longue médiation devant ce paysage nocturne, dont la beauté était si grande qu'ils le regardèrent bientôt comme ils eussent écoutaient de la musique d'église..." (ibid., p.343).

 

(39)                 Son savoir est plus étendu qu'on ne s'en douterait en lisant ses romans. Il cite portant les Bénédictines de la rue Monsieur (Démon de Midi, II,p.17) le célèbre ouvrage liturgique de Dom Cabrol sur la Prière antique (II,p.37) et il parle des Vêpres des Trépassés :

"Ce pauvre moine étiqué, quasi bossu, a qui vingt sous par jour suffisent, et qui ne désire rien pour lui même, que cette bonne mort dont parle les V.d.T.: “Beati mortui qui in Domino moriuntur..."(I,4; V.e.I,7; I,p.4; V.e.I,p.7).

            Voici un document liturgique extrait de la Chapelle (Edel 1878; Walch I,p.546) où il montre le rôle important que joue la Liturgie dans la vie nationale de la France.

" Le dimanche, c'était un flot de paysans

  Qui tous portaient la veste ancienne en bure bleue...

  ... Et les cloches chantaient doucement vers les cieux..."

 

(40)                 Nous trouverons une semblable constatation dans le roman Monsieur le Curé d'Ozéron de Francis Jammes. En réalité, toutes les deux descriptions ne sont qu'un document littéraire important du majestueux mouvement eucharistique lancé par Pie X dans les âmes de plusieurs millions d'êtres humains.

 

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(41)                 Tout écrivain en extrait de la liturgie ce qui correspond le mieux à ces inspirations: M. Barres s'en sert pour étayer son nationalisme, P.Bourget pour prouver la concordance entre les lois sociales et celles de l'Eglise. F. Coppée montre que l'église renferme la vraie doctrine démocratique. L. Veuillot que les messes nous renseignent sur la politique extérieure des papes et FR. Jammes prétend enfin qu'il n'y a rien de plus ravissante au monde que les spectacles incomparables de la nature; c’est la Liturgie elle-même qui lui confirme cette opinion perosnelle.

 

(42)                 Nous apportons encore une preuve qui montre que  FR. Jammes connait bien le Missel (il paraît même qu'il le lise tous les jours!): “Le curé d'Abrecave écrivit dans le Missel de la Duchesse qui lui avait remis le collier de perles, le commencement de la leçon d'une Messe de Sainte-Femme :’Qui peut trouver une femme forte? Elle a bien plus de prix que les perles.’"(Messe pour une Vierge Martyre et l'allusion au plain-chant, p.166). V.e.p.32-33.

 

(43)                 Voici les passages ayant trait à la liturgie que nous extrayons du livre de M. Flottes : "Baudelaire chanta en tercets latins, pareils à des vers liturgiques, les louanges d'une modeste de ses amies ‘érudits, nous dit-il et dévote’ (Franciscae meae laudes;p.69.) Enfin:"L'art jésuite seul l'intéresse, parce qu'il satisfait son double goût pour la galanterie et pour les pompes extérieures du catholicisme" (p.191).

 

(44)                 Hymne:"Encensoir oublié qui fume en secret à travers la nuit". (V.e. Chanson d’après midi)

 

(45)                 Voici pourtant un exemple: "Et que vous l'invitez à l'éternelle fête des Trônes, des Vertus, des Dominations."

                                   (Bénédiction. C'est l'allusion à une préface).

 

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(46)                 P.158:L'allusion à la Messe de Minuit; - P.165: Le contraste entre la désolation navrante du jeudi Saint et la joie extatique du Samedi Saint; - p.185 un rêve: "Des processions jeunes et claires - Vont et viennent de porches sans nombre, - Soie et perles de vivants rosaires-Rogations pour de chers fruits d'ombre."); p.140: ("Cultes respectueux et formules respectables ... et  votre théologie et votre liturgie sont les emblèmes du prêtre.

 

(47)                 Voici encore un exemple: où éclate à merveille ce don de percevoir les nuances des couleurs:

            "L'autel bas s'orne de hautes mauves

             La chasuble blanche est toute en fleurs,

             A travers les pâles vitraux jaunes

             Le soleil se répand comme un fleuve." (p.175).

 

 

(48)                 Les réminiscences liturgiques sont assez nombreuses dans ses oeuvres. En voici deux exemples:

"Le cycle de la vieille est toujours jeune Eglise

 Nous ramène le vrai Soleil." (Praeconium paschale); et

"En offrant l'encens par des louanges prescrites

 A ce Dieu qu'il annonce et qui l'a protégé

 Il vit transfiguré par la beauté des rites,

 L'âme resplendissante et le coeur allégué." (Epilogue)

 

(49)                 Voici encore un exemple entre un paysage et un office:

"C'est un dimanche de chez nous

 Le paysage frissonne

 Au soleil d'hiver triste et doux...

 Les Vêpres sonnent

 .....

 Et la paix, sous le ciel qui dort

 Est si profonde qu'elle donne

 Un avant-goût de bonne mort,

 Les Vêpres sonnent.(Les voix de la Terre p.41)

 

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(50)                 V.e.  La vie et les Arts liturgiques,No.70,p.545: "Ces deux grandes réactions contre l'individualisme révolutionnaire (La théologie et la liturgie), la liturgie qui arrache l'imagination à tout panthéisme, magnifie la nature et lui redonne son sens, restaure tout l'ordre de la Création, rend sensible à nouveau la Présence toute puissante de Dieu...".

 

(51)                 Voici quelques vers de ce tendre poète:

                        "Lisez dévotement les matines, goûtez

                        Les leçons du premier nocturne, la genèse..."

                                                                       (Vallery-Radot p.341)

 

 

(52)                 C'est l'auteur du plus beau poème sur les Cathédrales que la littérature française connaisse: Voici deux extraits se rapportant à la Liturgie:

"Ah! bienheureux le coeur qui, dans les sanctuaires

 Près des cierges fleuris qu'allument les prières,

 Souvent, dans l'encens bleu, vers le Seigneur monta.

 Et qui dans les parfums mystiques écouta,

 Ce que disent la Croix, les clous et les suaires..."(ibid.,p.217)

 Ce que disent les Cathédrales!

 Soit qu'un baptème y jase au bord des eaux lustrales

 Soit qu'un peuple, autour d'un cercueil,

 Un orgue aux ondes sépulcrales

 Y verse un vin funèbre et l'ivresse du deuil,

 Soit que la foule autour des tables

 S'y presse aux repas délectables

 Soit qu'un prêtre vêtu de blanc

 y rayonne au fonds de sa chaire..."(ibid.,p.218).

 

 

(53)                 Il montre à l’instar de Chateaubriand, de Fr. Jammes, de L. Mercier, et de tant d'autres, l'influence profonde que la Liturgie exerce sur le peuple (belge):

"Dimanche de la joie printanière, Dimanche

 Des rameaux verts, des jeunes palmes et des branches

 Comme l'éphèbe pur, qui, le premier, jeta

 Ses feuilles sous les pieds du Christ et qui chanta,

 

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 Le premier, l'hosanna des âmes enfantines...

 Dimanche des Rameaux, Dimanche clair qui vins

 Consoler le Sauveur de ses veilles amères...

 Les enfants chanteront tour à tour,

 Les cloches danseront dans les rustiques tours...".

                                                                        (Vallery-Radot p.343)

 

(54)                 Dimanches (La jeunesse blanche; 1886; Walch 11,p.53)

 

 

(55)                 "Brusque, résonne au loin le tintement des cloches...

 ....

 Il proclame que c'est l'instant justicier

 Où les moines s'en vont au choeur chanter ténèbres...

 Car les voici priant...
 Et tous alors, tous les moines, très lentement

 Envoient vers Dieu le chant des lentes litanies

 Et les anges qui sont gardiens des agonies

 Ferment les yeux des morts, silencieusement..."

 (Moines, Vallery-Radot p.222-223).

 

(56)                 Voici encore quelques exemples:

J'ai vu la capitale du royaume et Rome capitale de Chrétienté. J'ai entendu chanter la messe et les triomphantes vêpres” (Saints Innocents p.182).

"Qu'ils en auront assez

 Pour éternellement assez et que tout ce qu'ils demanderont c'est qu'on leur fiche la paix

 Dona eis, Domine, pacem,

 Et requiem aeternam. La paix et le repos éternel." (ibid.)

 

(57)                 En chantant avec un élan liturgique une désolation intime, il cite tout spontanément les versets du psaume: "Sauvez là du danger de la mort et de la Gueule de la Bête"("Corona", p.118). Aussi dans les poèmes descriptifs comme celui qui est intitulé "Strassbourg" (ibid.130) il commente comme l'a déjà fait Huysmans, la signification de l'architecture utilisant un verset d'un hymne celèbre:”Et antiquum documentum nove cedat ritui".

 

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            Claudel est souvent incompréhensible pour ceux qui ne sont pas bien au courant de la Liturgie. C'est ainsi qu'il se contente de mentionner dans "Memento pour le Samedi Soir" (ibid p.200) quelques fragments liturgiques, et le lecteur doit au moyen des associations de pensées et de sentiments, évoquer dans son âme tout un paysage psychologique.

 

(58)                 Ses connaissances embrassent voire même l'histoire de la Liturgie. Il parle des pèlerinages anciens (I,p.23) de la réforme liturgique de Charlemagne (II,p. 110;116 et 118) de l'importance que la Liturgie possédait dans l'antiquité chrétienne (II,p.155) et du rôle qu’elle  jouait sur les cours royales (I,p.113).Il voudrait qu'on imitat les premiers chrétiens:

"Nous avions là une image de ces temps où le peuple tout entier s'associait d'un coeur intelligent aux fonctions sacrées du culte, chantant les prières comme un chant de berceau et de la patrie." (II,p.372). (V.Note 17)

            Louis Veuillot apporte souvent des passages entiers extraits du Bréviaire et éclaircit la situation actuelle à la lumière des pensées contenues dans ce livre d'Eglise. C'est ainsi qu'il s'exclame après avoir cité la vie de Saint-Marcel:

            "Voilà le Pape des premiers temps et le Pape de tous les temps, et toute la vie apostolique"(I,p.90-161). Ses connaissances dépassent de temps à autre la mesure ordinaire, de sorte qu'il arrive souvent à ceux qui ne sont pas bien versés dans les sciences liturgiques d'êtres souvent embarrassés où trouver les hymnes, leçons  ou autres textes cités par l'éminent journaliste (I,p.178-II,p.159-165 etc...).

 

(59)                 P.Guilloux (Etudes du 5 août 1921) cite les extraits suivants des Paroles de Dieu (pp.311;319;340):

"O larmes, sources mystérieuses des grâces inconnues, signes mystérieux de bénédictions mystérieuses que le Seigneur, qui vous a faites, vous donne aujourd'hui avec magnificence à tous ceux qui vous désirent, à tous ceux qui vous demandent, à tous ceux pour qui vous êtes demandées, à tous ceux et à toutes celles qui; le sachant ou ne le sachant pas, ont besoin de vous, o larmes sacrées." L'éminent critique continue: “Cette supplication ardente fait songer à l'oraison du missel Pro petitione lacrimarum, où le prêtre demande à Dieu de faire jaillir de la dureté de notre coeur des larmes de conjonction."

 

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            Sans qu'on puisse prétendre que le texte sacré ait inspiré le passage précité, il suffit de constater qu'E.Hello s'exprime souvent à l'instar de L.Mercier, dans une langue naturellement liturgique. Voici le passage du Missel auquel fait allusion M.Guilloux:

            "Omnipotens et mitissime Deus, qui sitienti populo fontem viventis aquae de petra produxisti: educ de cordis nostri duritia lacrymas compunctionis; ut peccata nostra plangere valeamus, remissionemqueeorum,te miserante, mereamur accipere...et produc de oculis nostris lacrymarum flumina, quibus debita flammarum incendia valeamus exstinguere... Gratiam Spiritus Sancti, Domine Deus, cordibus nostris clementer infunde quae nos gemitibus lacrymarum efficiat maculas nostrorum diluere peccatorum, atque optatae nobis, te largiente, indulgentiae praestet effectum." (V.e. Paroles de Dieu, p.127-134 sur De profundis).

 

(60)                 Aussi parle-t-il dans sa Bonne souffrance de cette cérémonie touchante, qu'est le Départ des Missionnaires de la rue du Bac, qui attire encore aujourd'hui un grand nombre de Parisiens.(p.97).

 

(61)                 Quoi qu'il ait été enthousiasmé après sa conversion pour la description de la "Messe basse dans la crypte" (p.229) faite par Huysmans (La Cathédrale) et qu'il ait été au courant de l'enjouement liturgique dans les milieux intellectuels (n'était-il pas logé à quelques pas de la rue Monsieur?), il a été pourtant un simple homme du peuple.

Il se plaint en 1897, de ce que les grandes messes soient encore peu fréquentées: "Dans la plupart des églises de Paris, excepté aux jours de fêtes solennelles, il y a peu de monde à la grande messe. Elle est dite à une heure assez matinale, et les Parisiens se lèvent tard, elle dure longtemps, et les Parisiens sont très occupés"(p.129)

            V.e. Coppee, Poèmes modernes, 1869; La Bénédiction où la conception romantique de la Liturgie éclate d'une manière évidente (Walch I,p.334-337).

 

(62)                 René Salomé est l'auteur de l'article de la Vocation d'une Chapelle (Revue des Jeunes, 25 janvier 1917), où il montre le rôle important que le sanctuaire des Bénédictines de la rue Monsieur a joué dans le renouveau liturgique parmi les intellectuels français. Dans cette chapelle s'est effectué entre plusieurs autres, la conversion de L.Lucien Puel de Lobel: "Je dois un souvenir ému à la chapelle bénédictine de la rue Monsieur, qui, du chant de ses voix pures, m'appela impatiemment -sans contrainte, mais longuement- vers sa table de communion."(Mainage, p.233-234).

 

(63)                 La marche de sa conversion correspondait à l'Avent parce qu'il y attendait : "Celui que les siècles avaient désiré"(p.205, V.e.p.242 Noël). Sentant son âme grandir dans le contact avec les solitudes immenses il a la vision intuitive de l'existence de Dieu et elle lui suffit. Il exprime ce sentiment en se servant d'une allusion au Ps.113; "Il ne m'a pas été donné de contempler la terre secouée par la face du Seigneur, je n'ai pas vu les rivières remonter vers leur source, ni les montagnes sauter comme des béliers..." (p.165). La prière "Je me lèverai Seigneur...vous connaître o, joie... des lacs du chasseur" est une allusion au Ps.123. Il s'y sert au surplis de ces procédés techniques que nous trouvons dans le Ps.6; procédés qui consistent à marquer la progression des sentiments qui ont la crainte pour point de départ, et aboutissent à une joie complète (p.108). Nous trouvons à la page 161 des réminiscences aux Litanies de tous les saints et aux pp.230-231 des souvenirs aux Litanies du Sacré-Coeur. L'hymne de Complies même a laissé sa trace dans l'âme de ce petit fils de Renan:

            "On est comme à la fin d'un rêve, quand l'homme, après les phantasmes de la nuit, salue les choses existantes dans le rayonnement de la lumière."

 

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(64)                 Le talent dramatique de cet écrivain qui conquiert de jour en jour plus d'administrateurs zélés se réclame indirectement de la Liturgie: En parlant des Jeux et Miracles pour le Peuple fidèle, René Salomé faisait dernièrement ressortir la filiation liturgique du charmant poète:"Les Passions du XVème siècle, celles qu'on joue chaque année en Bavière, en Lorraine, ou dans le Jura sont autrefois sorties de la Messe... Le Christ en est le héros, qui par la souffrance et par la croix triomphe de la mort. Or, le même conflit se retrouve dans la vie des Saints" (comme dans celles dont nous entretient le théâtre de H.Gheon) "dont l'union étroite avec le Christ souffrant complète sans cesse le Sacrifice de la Croix" (Revue des Jeunes, 25 Septembre 1922, p.703). Il résulte donc des considérations énoncées par René Salomé qu'il y a des rapports continus entre les représentations des vies des saints et le cycle sanctural, parce que les passions sont sorties du cycle temporel.

 

 

(65)                 "Le Veni Creator puis le Tantum ergo, chantée autour de l'orgue par de jeunes voix fraîches, descendent de la tribune sur moi. Puis l'Ave Maria encore, qui n'est pas un chant, mais un cri, un cri de louange populaire."(Valeur sociale de la Liturgie!) "ô traditions de la paroisse, enfants de Marie, blanches proces-

sions..."(p.180-181).

 

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(66)                 Elle "Ouvrait près du chevet des vieillards expirants. Ce livre où l'espérance est permise aux mourants." (Mylly ou la Terre natale).

 

(67)                 "Ou ma mère à nos voix enseignait les cantiques."(ibid.)

 

(68)                 On trouve le même motif liturgique chez Huysmans : Oblat, p.267-268.V.e.A. Cherel. En relisant après la guerre.

Le passage cité nous désigne en M. Bazin un connaisseur de la Liturgie distingué et délicat. Nous renvoyons à ce sujet à la Revue des Jeunes du 10 Janvier 1922 (p.77) où a paru un discours qui nous révèle l'enthousiasme liturgique de l'éminent académicien. - Pour ce qui est du rôle de la Liturgie dans la vie des enfants nous renvoyons encore au petit récit les Trois messes de J.Marly (J.Millot: Le meilleur moment pour être prêtre pp.30-31).

 

(69)                 Voici un texte où ce romantisme liturgique éclate encore plus manifestement:

"Vêtu de bure blanche  et de noirs scapulaires,

 Cent moines sont assis aux bancs Capitulaires.

 Ayant psalmodié l'Angelus Domini

 Et clos les leurs missels sous le vélin jauni,

 .... ils attendent, les bras

 En croix...." (ibid., p.85) Comp. Hugo, Ch.IV,III,6.

 

(70)                 "La Passion fut composée par Leconte de Lisle à la demande d'un peintre de ses amis, pour accompagner les quatorze tableaux d'un chemin de croix. Le poète adopte les divisions consacrées, et soumet son oeuvre impersonnelle aux exigences religieuses." (Derniers poèmes, 1895, p.163).

 

(71)                 V. "Or, relevant la face après s'être signé,

    Le moine dit, les bras étendus vers le faite :

    - De profundis ad te clamavi, Domine.

    Mais s'il le faut, Amen, Ta volonté soit faite.

    ...................

 

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    Du ciel inaccessible abaisse la hauteur

    Ouvre donc en entier les porte éternelles." (Allusion au ps. 23,7)

    "O Maître et dans ton sein reçois le serviteur

    Que l'Ange de la mort t'apporte sur ses ailes." (Poèmes barbares; Agonie d'un Saint; p.319)

 

(72)                 "Je voudrais bien prier, je suis plein de soupirs!

 Ma cruelle raison veut que je les contienne

 Ni les voeux suppliants d'une mère chrétienne

 Ni les exemples des saints, ni le sang des martyrs.

 

 Ni mon besoin d'aimer, ni mes grands repentirs,

 Ni mes pleurs, n'obtiendront que la foi me revienne.

 C'est une angoisse impie et sainte que la mienne

 Mon doute insulte en moi le Dieu de mes désirs.

 

 Pourtant, je veux prier, je suis trop solitaire

 Voici que j'ai posé mes deux genoux à terre;

 Je vous attends, Seigneur, Seigneur êtes-vous là.

 

 J'ai beau joindre les mains, et, le front sue la Bible,

 Redire le Credo que ma bouche épela,

 Je ne sens rien du tout devant moi. C'est horrible.

 (Poésies, 1866-1872; Epreuves; Doute; Prière, p.22).

 

 

(73)                 Voici un petit poème d'inspiration religieuse et qui trahit manifestement l'art de Pamasse :

"Dans un missel datant du roi François Premier,

 Dont la rouille des ans a jauni le papier

 Et dont les doigts dévots ont usé l'armoirie,

 Livre mignon, vêtu d'argent sur parchemin,

 L'un de ces fins travaux d'ancienne orfèvrerie

 Où se sentent l'audace et la peur de la main

 J'ai trouvé cette fleur flétrie."

 (Solitudes, p.194)

Balzac a fait allusion dans Le Curé de Village au même sujet.

 

 

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(74)                 "Noël, Noël! Sur les hameaux

 Où les gens rentrent à la brune

 Où tout un peuple de roseaux

 Frissonne au lever de la lune;

 Jadis ils (les souvenirs), me versaient au coeur

 Une allégresse chaude et tendre;

 J'ai beau vieillir et passer fleur,

 Je retrouve joie et vigueur

 Aujourd'hui rien qu'à les entendre. (Carillon de Noël dans le jardin d'automne, 1894 ; Walch.,I,p.414-415).

 

(75)                 "A Lyon, dès 1801, la procession de la Fête-Dieu traversait les rues, aux acclamations des peuples enivrés de joie." "Quelle est,” - écrivait à ce sujet, dans le Mercure de France, celui qui s'apprêtait à raconter le Génie du Christianisme,- “quelle est cette puissance extraordinaire qui promène ces cent milles chrétiens sur ces ruines? Par quel prodige la Croix reparait-elle en triomphe en cette cité où naguère une dérision horrible la traînait dans la fange ou le sang? D'où venait cette solennité proscrite? Quel chant de miséricorde a remplacé si soudainement le bruit du canon et les cris des chrétiens foudroyés? Sont-ce les pères, les mères, les frères, les soeurs, les enfants de ces victimes qui prient pour les ennemis de la foi, et que vous voyez à genoux de toutes parts aux fenêtres de ces maisons délabrées et sur les monceaux de pierres où le sang des martyrs fume encore? Ces collines chargées de monastères, non moins religieux parce qu'ils sont déserts; ces deux fleuves où la cendre des confesseurs de Jésus-Christ a si souvent été jetée; tous les lieux consacrés par les premiers pas du Christianisme dans les Gaules; cette grotte du saint Pothin, ces catacombes d'Irénée, n'ont point vu de plus grand miracle que celui qui s'opère aujourd'hui." (Dom Gueranger, Institutions Liturgiques, II,p.584-585).

 

(76)                 Lesage figure parmi les ancêtres de ces écrivains qui ont constaté les rapports qui se nouent entre la Liturgie et les phénomènes de la conversion. Voilà ce que nous trouvons dans Gil Blas (X,6.p.454): "Le hasard voulut que nous entrassions dans l'église des Chartreux, dans le temps que les religieux psalmodiaient dans le choeur.... nous tombâmes l'un et l'autre dans une rêverie qui nous devint salutaire....

 

 

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            Lamela, me dit Don Raphaël lorsque nous fûmes hors de l'église, comment te sens-tu affecté de ce que nous venons de voir? Pour moi, je ne puis te le celer, je n'ai pas l'esprit tranquille. Des mouvements inconnus m'agitent; et, pour la première fois de ma vie, je me reproche mes iniquités. Je suis dans la même disposition, lui répondis-je, les mauvaises actions que j'ai faites se soulèvent dans cet instant contre moi; et mon coeur qui n'avait jamais senti de remords, on est présentement déchiré. Ah ! Cher Ambroise, reprit mon camarade, nous sommes deux brebis égarées que la Père céleste par pitié, veut ramener au bercail...". C'est presque avec les mêmes paroles que Huysmans, P.Claudel et tant d'autres nous avoueront la part qu'il fallait attribuer à la Liturgie dans l'oeuvre de leur conversation. Balsac a constaté chez les autres ce phénomène significatif.