Božidar Nagy, S.J. :

 

IVAN  MERZ – éminent laïc en témoignage de l’Evangile

 

ENFANCE ET ADOLESCENCE

 

Il grandit dans un milieu libéral

 

Ivan Merz  naquit le 16 décembre 1896 à Banja Luka. Son père, qui était officier sous la monarchie Austro-hongroise, y occupait le poste de chef de gare. Fils unique, il fut entouré d’un grand amour parental dès sa plus tendre enfance. Il eut une enfance et une adolescence heureuses, en toute quiétude. Il reçut de ses parents une éducation bourgeoise, correcte, sans base religieuse particulière. Il grandit dans un milieu libéral. Il entra  à l'école primaire à Banja Luka, puis suivit sa 2ème et 3ème année scolaire à Prijedor où son père fut temporairement muté. C’est à Banja Luka qu’il continua sa scolarité, il y fréquenta aussi le lycée. Il passa son baccalauréat en 1914.

Quant à son orientation religieuse, elle commença à se préciser vers la fin de son lycée, il la doit à son professeur de lycée, un modèle de catholique laïc, le docteur Ljubomir Marakovic. A travers  la littérature et l’art, il orienta Ivan vers des valeurs morales et religieuses. Il fut,  pour Ivan, un véritable guide dans son adolescence. Déjà à sa maturité, Ivan écrivit à son sujet  : “Un séculier catholique m’a sauvé pour l’éternité.”

Ivan lit beaucoup, surtout des livres d’une certaine valeur littéraire. Il apprend en privé le français et l’anglais. Il étudie le  piano et le violon. Il est également doué pour le dessin. Il est aussi  un sportif très actif. Il joue au tennis, fait du vélo, de la gymnastique, du patinage sur glace, il joue aux échecs et aux quilles.

 

Une adolescence enchanteresse

 

Il y a peu de gens, et cela, même dans la plus grande partie des fidèles de Dieu, chez  lesquels  on peut suivre de si près la progression de l’âme et son élévation vers Dieu, comme c’est le cas chez  notre cher Ivan Merz, et ce, grâce  à l’ampleur de son journal intime. Il a commencé à le tenir,  sous l’influence de son professeur le dr. Marakovic, lorsqu’il avait dix-sept ans. Il  a continué à l’écrire jusqu’à sa maturité. Dans son journal, Ivan a décrit chaque vibration de son cœur d’adolescent, tous les tumultes et les tourments intellectuels et moraux que rencontre tout jeune homme durant sa croissance, chaque pas dans son ascension vers les valeurs de la vie et vers Dieu.

Nombreux sont les jeunes qui ont pu se reconnaître au fil des pages de son journal. Ils y ont trouvé tant de points communs, que cela leurs a donné confiance et courage  afin que ne s’arrêtent pas leurs quêtes en recherche de la Vérité, la Bonté, la Beauté, et l’Amour qu’Ivan a trouvé en Jésus Christ. 

Dans cette représentation  de la vie d’Ivan nous vous apportons aussi quelques passages, des plus significatifs, de son ample et intéressant journal qui  nous permettent, au moins pour un court instant, d’entrouvrir le sanctuaire de son âme remplit de plus en plus par la Grâce. Vous pourrez trouver des extraits plus détaillés dans d’autres biographies d’Ivan.

Au début de son journal Ivan s’exclame “Vive  l’art”. Ainsi il met en avant son enthousiasme pour les valeurs qui dominaient son âme dans les premières années de son adolescence. L’épigraphe de son journal est extrait de l’œuvre de Byron “Manfred” :

Au temps  de ma jeunesse j’ai ardemment souhaité

Pénétrer les cœurs des autres par le mien,

Briller pour les peuples,  m’élever

Je ne sais ni moi-même où…

Ces vers, mis à part qu’ils expriment  l’idéalisme juvénile, portent en eux une sorte de prophétie ; ils sont l’expression du sentiment flou d’Ivan de la mission pour laquelle la Providence divine l’a destiné. Durant sa vie, et surtout après sa mort, Merz a pénétré tant de cœurs avec son cœur, il a montré  à tant “le chemin vers le Soleil”, c’est à dire Jésus Christ, et maintenant, il se trouve en ascension afin d’”éclairer  les peuples” de l’autel des églises catholiques en tant que bienheureux  et ensuite comme saint ! Vous trouverez ci-après quelques notes, extraites du journal, qu’Ivan a écrit avant son baccalauréat.

 

Mon Dieu, qu’il est grand l’univers !

Extraits de son journal de lycéen

 

Banja Luka, le 2 mars 1914 – En physique nous avons parlé de la vitesse de la lumière…Mon Dieu, qu’il est grand l’univers : tout brille, tout bouge avec une précision parfaite, tout est grand, immensément grand. Les étoiles ne font que passer dans cet espace, tout est immense dans cet espace impétueux. Notre terre aussi vole, semblable à une miette, et elle tourne… Mais tout cet univers, ce qui est visible ou invisible, ce qui est audible ou inaudible, qui en est le maître, quel est l’esprit qui contient tout cela ? c’est LUI.

26 avril 1914 – Plus je connais le catholiscisme, plus je m’aperçois à quel point il est inépuisable. Déjà je veux recevoir Son Corps, but et ultime motivation de  l’humanité. Qu’il est grand Son Amour, puisque Lui, l’Immensité, que noous ne pouvons saisir, Lui qui gouverne l’univers et chaque brin d’herbe et qui connaît et observe les querelles du minuscules être humain, Il Se donne à nous, petits et insignifiants, comme nourriture.

11 juillet 1914Finis finaliter. J’ai passé mon baccalauréat. Je me suis débarrassé des soucis, mais… j’ai pleuré à midi. Qui sait pourquoi. Une nouvelle étape. L’enfance est passée. De nouveaux devoirs commencent. Les idéaux deviennent des questions réelles. La vie aussi passera.

30 août 1914 – Je suis terriblement assailli par les tentations, mais la prière me relève.  Dans le sanctuaire des sanctuaires (R. TAGORE), dans mon cœur se trouve  une foi inébranlable. Il y a du scepticisme aussi. La lutte est éternelle…Avant de partir (à l’académie militaire) j’irai me confesser afin de recevoir le Corps pour qu’il me fortifie dans ma vie future.